Shetland Run 2016
Après un petit tour de France pour s’échauffer et affiner notre ULM, nous voici partis pour notre virée écossaise.  
 
Nous voulions faire le tour des îles les plus septentrionales du Royaume-uni avec pour point d’orgue les îles Shetlands et la visite de ses colonies de macareux moines (Puffins)  
 
Vendredi 29 juillet : LFSH – LFAT – EGSU (4h50)  
 
Les prévisions nous offrent une fenêtre météo de beau temps avec du vent d’ouest, ce qui est bon signe. Nous décollons de Haguenau avec le soleil dans le dos, destination Le Touquet.  
RDV est pris pour un bon poisson à midi au restaurant de l’aéroport avec un ami. Venu de la région parisienne,il doit nous y rejoindre pour le déjeuner.  
 
Nous montons au FL65 au-dessus d’une couche éparse de cumulus, la première partie se passe sans problème et nous profitons du paysage, confortablement installés dans notre bulle.  
Au travers de Reims, la couche se soude, les CB se développent, nous obligeant à passer en-dessous et trouver des conditions de vol turbulentes avec des visibilités qui descendent dans le bas du tableau. Passé Amiens, nous remontons sur le Touquet en bonnes conditions.  
Nous nous poserons après 3h18 de vol.  
 
Après un bon repas et un solide briefing météo, nous revoici en l’air pour la traversée de la Manche.  
Nous longeons le littoral jusqu’au Cap Gris-Nez avant de virer à gauche sur les falaises anglaises.  
Moment d’histoire, c’est à partir de ce cap que les troupes allemandes observaient les côtes anglaises.  
 
La traversée se passe comme un charme, la beauté des falaises de calcaire de Douvres avec le soleil est réelle et le premier contact avec le contrôle anglais une pure formalité.  
 
Après 1h30 de vol nous arrivons en vue de Duxford, un terrain qui a une place particulière dans mon cœur et est un symbole pour tous les amoureux de la belle aviation et des Warbirds en général.  
C’est un nid de Spitfires, Mustangs, Corsairs, etc. Tous les ans le meeting aérien est une grand-messe qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.  
 
A notre posé, le contrôleur nous gratifie d’un « Welcome to Duxford » très agréable à la radio et nous demande de nous maintenir sur la piste en dur en attendant que 2 chasseurs fassent leur passage bas sur la piste en herbe ! Nous sommes aux premières loges pour apprécier !  
 
L'accueil est exceptionnel et nous passons une agréable soirée avec un soleil couchant des plus prometteurs.  
 
Samedi 30 juillet : EGSU – EGEO (3h40)  
 
Départ pour l’Ecosse proprement parlé, la météo nous donne du beau temps sur la première moitié du parcours avec de possible averses éparses sur la dernière moitié, mais une bonne visibilité.  
 
Nous montons en niveau pour profiter du calme et de la vue, la campagne anglaise est magique, c’est un défilé de carrés verts entretenus, de villes au charme certain, ou avec un certain charme en fonction des goûts (industrie ou historique).  
Nous pensions faire un stop à Carlisle, qui est officiellement la limite entre l'Angleterre et l'Ecosse, mais un banc nuageux nous empêche d’y accéder ; vu que la dernière météo donnée par l’ATC est bonne, nous continuons sur Oban directement.  
 
Passant la limite des Highlands, nous commençons notre descente, face à nous se profilent de gros Cumulus bien gris, nous distinguons parfaitement les averses... nous zigzaguons entre les pluies et longeons la côte jusqu’à Oban. Notre arrivée par la mer sur ce petit terrain est une carte postale. Accueil parfait, nous faisons les pleins et attachons l’avion pour les prochaines 36heures.  
 
Le taxi nous amène au B&B, nous posons les sacs et partons à la découverte de la ville qui est la capitale des fruits de mer de l’Ecosse !  
 
Le lendemain pour notre jour de repos, nous irons randonner alentours, 7heures de marche pour faire un tour de la ville, des collines et châteaux environnant. En prime un concert de cornemuse devant un château avec vue sur la baie !  
Un arrêt obligatoire au port pour déguster des homards que vous choisissez dans le bateau qui vient d’accoster et que l’on vous prépare sous les yeux.  
 
Lundi 1er Aout : EGEO – EGPR – EGPO (2h35)  
 
La météo est toujours favorable, un vent d’ouest souffle et dégage la route vers les îles Hébrides, nous optons pour un petit crochet au dessus du château de Eilean Donan, lieu mythique des Highlands. Nous prenons un cap plus sud – sud-ouest vers l’aéroport de Barra qui est au sud des îles.  
 
Cet aéroport a comme particularité d’avoir le sable à marée basse comme piste. Les horaires des vols réguliers sont donc en fonction de la marée.  
Vu les conditions et notre ULM nous ne ferons qu’un passage au-dessus de la piste avec l’aimable autorisation du contrôleur. Puis nous suivrons la côte vers le nord pour atteindre Stornaway après 2h35 de vol dans un paysage absolument magique fait de plages au sable blanc, de montagnes, de prairies et de vie sauvage.  
 
Là aussi l’accueil est parfait, nous faisons le plein, amarrons l’ULM à des blocs de béton juste avant qu’une spectaculaire pluie ne nous tombe dessus, intense mais bref. Le ciel est devenu noir, la luminosité fit place à l’obscurité dans un laps de temps ridicule. Puis le soleil est revenu aussi vite.  
 
Nous récupérons la voiture de location et en route, nous prenons la direction du bout de l’île où se trouve notre hôtel. En chemin nous faisons le tour des ruines et les dolmens, preuves du passage des vikings.  
Nous découvrons que cette civilisation avait une culture ainsi qu’une connaissance architecturale avancées pour l’époque.  
 
Nous arrivons au bout du bout des Hébrides, ici le vent, la mer sont les éléments qui décident de tout. Nous croisons des habitants très mignons, les moutons ne sont pas farouches.  
 
Mardi 2 Aout : EGPO – EGPA (1h30)  
 
Après une bonne nuit de sommeil au calme, nous repartons. Sans aucune difficulté nous mettons le cap sur la pointe nord-ouest du « continent » écossais pour ensuite le longer jusqu’aux îles Orcades.  
 
Le soleil est de la partie et le vent avec nous, sous nos ailes défilent un paysage sauvage, de moins en moins de maisons ou de villages, la nature dans sa plus simple expression. Roche, verdure rase, peu d’arbres. Au fur et à mesure que le temps passe le ciel se charge de cumulus. L’ambiance dans le cockpit est au beau fixe, la musique celtique nous berce. 
 
Nous arrivons en vue des Orcades, nous passons au dessus de la baie de Scapa Flow, haut-lieu de la première guerre mondiale. Ici gisent les restes de la flotte de haute mer de l’empire germanique, qui s’est sabordée. Sur un total de 75 navires, 54 ont sombré en quelques heures.  
Les marins qui ont disparu sont parmi les dernières victimes de ce conflit.  
 
Aujourd’hui on peut plonger sur quelques-unes d’entre elles, ces plongées se méritent, vu les conditions de mer.  
 
L’arrivée sur l’aéroport de Kirkwall est déjà plus « sport » par rapport aux jours précédents.  
Etant situé à flanc de colline, et arrivant via celle-ci, nous ne verrons la piste que lorsque nous serons en finale, la piste étant elle-même concave !  
 
Le vent est bien présent, nous poserons proprement vu les conditions du jour. Nous faisons le plein et attachons l’ULM puis nous allons à l’aérogare chercher notre voiture de location.  
 
Nous profitons d’une journée en demi-teinte mais typique pour le lieu. Visite des lieux touristiques et recherche d’un restaurant pour le soir. La ville étant petite et les restaurants peu nombreux, il vous faut réserver pour le soir.  
 
Soirée tranquille, mais avec des craintes pour le lendemain question météo.  
 
Mercredi 3 Aout : QGO...  
 
Le matin au réveil nous regardons par la fenêtre pour ne pas voir plus loin que le mur du voisin... !  
Nous regardons les prévisions, plutôt pessimistes. Nous allons devoir prévoir un plan B pour la journée... Nous allons donc faire un peu de shopping, de tourisme et essayer de voir les colonies de macareux moines du coin.  
 
Nous ferons chou blanc pour les macareux. En fin de journée les prévisions ne sont pas des plus engageantes. Après le repas nous consultons les options qui s’ouvrent à nous.  
 
Jeudi 4 Aout : EGPA – EGBP (4h20)  
 
Ce matin la pluie nous accueille, nous avons le moral mouillé. Les bancs de brouillards se succèdent aux éclaircies, le plafond joue à saute-mouton avec les collines environnantes.  
 
Les îles Shetlands sont à portée d’ailes, mais impossible de se sortir des Orcades. Nous allons à l’aéroport préparer l’ULM au cas où, et l’on se met en attente, consultant les météos les unes après les autres... Les pilotes des lignes commerciales qui arrivent nous informent des conditions.  
C’est là que l’on voit que l’on est une grande famille, les pilotes nous donnent leurs observations en temps réel, au sol les gens nous considèrent avec gentillesse et se mettent en quatre pour nous aider.  
 
Finalement c’est avec un pincement au cœur que nous prenons la décision de ne pas tenter le diable et de prendre le cap au sud.  
 
Nous trouvons un « créneau météo» pour nous mettre en l’air et monter au dessus d’une couche de nuages à travers un trou.  
Avec le vent dans le dos nous tirerons tout droit jusqu’à Liverpool puis obliquerons vers le sud-est. Nous nous poserons à Kemble après 4h20 de vol, dont plus de 3h « on top ». Le contrôle aérien fut excellent, il a mis tout en œuvre pour nous faciliter la tache.  
 
Notre arrivée à Kemble, terrain où l’on transforme les avions de ligne en casseroles (aujourd’hui on dit recyclé) est remarquée par les gens du club local. Lorsqu’ils apprennent d’où l’on vient « en direct », ils nous regardent d’un air circonspect !  
Cerise sur le gâteau, la jeune femme de la tour avait appelé le taxi pendant notre approche, il nous attendra presque aux pieds de l’avion !  
 
Nous passons la nuit dans les Cotswolds, région très riche, peuplée de manoirs, de châteaux, et parsemée de villages médiévaux.  
 
Vendredi 5 Aout : EGBP – EGLM – LFRK (2h50)  
 
Nous faisons la queue devant les pompes, nous en profitons pour discuter avec ces gentlemen qui partent pour La Rochelle. Ils nous donnent quelques conseils pour rentrer en France sans trop de soucis.  
 
De notre côté, il est entendu que nous irons à White Waltham pour découvrir ce terrain qui paraît-t’il vaut le déplacement. En moins d’une heure nous arrivons à destination.  
Au-dessus de nous les B747, B777 et autres gros porteurs de British Airways passent, nous sommes officiellement sous la TMA de Heathrow.  
 
White Waltham est un terrain datant de 1928.  
Commissionné durant la bataille d’Angleterre, rien n’a changé depuis ou presque.  
 
C’est un champ d’aviation en herbe avec trois pistes qui se croisent. La radio se fait en auto-info, un charmant club house, un bar digne de ce nom qui vous sert en terrasse à quelques mètres des avions avec le sourire du ou de la serveuse. Il y a une escadrille de Tiger Moth, où les pilotes volent en combinaison et casque de cuir.  
Les bonnes manières sont là, les employés portent un uniforme, les instructeurs sont en chemise, cravate et enfilent la combinaison lorsqu’ils partent en vol avec leurs élèves sur des Piper J3 qui sont immaculés.  
 
Après notre déjeuner au soleil, nous voilà en route pour Caen, nous prenons cap au sud, île de Wight, Southampton … cheminement VFR jusqu’à Cherbourg, puis les plages du débarquement jusqu’à LFRK.  
 
 
Posés à Caen, personne... nous parquons et attachons l’avion, puis essayons de trouver un endroit pour sortir de l’aéroport. Plan Vigipirate en vigueur, tout est fermé.  
 
Nous trouvons enfin une porte ouverte et une jeune femme nous accueille et nous guide pour que nous puissions rejoindre notre hôtel via bus.  
 
Nous restons deux nuits à Caen pour visiter la ville et ses musées.  
 
Dimanche 7 Aout : LFRK – LFYJ – LFSH (2h50)  
 
Lorsque nous avions quitté l’aéroport vendredi, on nous avait dit de venir en même temps que le vol commercial car sinon nous serions devant une porte close et donc dans l'impossibilité de rejoindre notre ULM et d’avoir de l’essence.  
 
Nous voici donc à 11h devant l’aérogare de Caen.  
Nous allons à l’accueil pour demander comment nous pouvons accéder à notre ULM. 
 
On nous explique qu’il faudra passer comme des passagers normaux et que de là nous pourrons aller au bureau de piste pour payer les taxes et avoir de l’essence.  
 
Nous sommes « cueillis » par les gens du poste inspection filtrage comme si nous étions des fous, bref, je ne ferais pas plus de commentaires sur cet épisode, Caen tu nous as vus, c’est la dernière fois !  
 
Nous décollons avec 1heure de perdue sur notre planning.  
 
Le vol se passe sans histoires, la météo est des plus cavok, nous négocions des directes et filons jusqu’à Chambley où nous nous posons pour le déjeuner. Pendant la descente nous survolons un autre lieu de mémoire de la première guerre : la butte de Vauquois, les belligérants ont littéralement fait sauter une colline... ce champ de bataille connu sous l’appellation de « guerre des mines » est spectaculaire tant vu du sol que vu du ciel.  
 
Nous sommes accueillis avec le sourire par la patronne du charmant restaurant « chez Juliette » qui mérite d’être connu. Un menu de bon rapport qualité-prix vous sera servi avec en plus la jovialité du service.  
 
Nous entamons notre dernière étape sous un soleil de plomb. La verrière et le soleil de face nous font mouiller le tee-shirt. Après moins d’une heure de vol nous voilà de retour en Alsace.  
 
Nous rangeons dans le hangar notre « Pink Lady » après l’avoir lavé et préparé pour son prochain vol.  
Nous avons dans les yeux des paysages, des rencontres, des souvenirs marquants, et dans la tête une envie d’y retourner. C’est une promesse : nous y retournerons pour aller cette fois-ci jusqu’au bout des Shetlands !  
 
Notre voyage en chiffres :  
 
ULM : Dynamic WT-9 « Pink Lady »  
Distance : 2145 NM  
Temps de vol : 22h30  
Carburant consomé : 387litres  
 
10 jours, 10 étapes en 7 jours de vol  
9 nuits d’hôtel ou en chambres d’hôtes.  

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